Cleanwalk : vraiment utiles ?


Initiatives / vendredi, septembre 13th, 2019

Cela fait maintenant plusieurs années que je me prête à cette activité aussi sexy que symptomatique de notre époque : le ramassage de déchets.
Si cet exercice était au début très ponctuel, j’ai intensifié le rythme ces derniers mois, lancée et inspirée par le courant du plogging, concept venu de suède mêlant les mots de jogging (=courir) et de plocka upp (ramasser), mais aussi fortement encouragée par les actions de Leo not happy (dont l’initiative a permis le 22 Avril 2017 de ramasser plus de 120 000 mégots dans Bruxelles)

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Une cleanwalk ?

En courant, en marchant, seul(e) ou en groupe, tous les moyens sont bons pour ramasser ce que l’être humain, les vents et les aléas de la vie dispersent à loisir dans la nature.
Pas besoin de beaucoup de matériel non plus : une paire de gant, un contenant assez grand et éventuellement une pince à déchets feront l’affaire.

Pour les personnes souhaitant participer aux différentes cleanwalk organisées partout en France, ou qui souhaitent elles-même en organiser, je vous invite à vous rendre sur le site de cleanwalk.org, plateforme des actions citoyennes de ramassage !

Personnellement ces promenades me permettent de prendre quelques heures de temps en temps pour me déconnecter de tout écran, me retrouver à l’extérieur et prendre l’air.
Quand on sait qu’actuellement les individus passent environ 80% de leur temps dans des espaces clos (à la maison, en voiture ou au travail), s’aménager de petites fenêtres à l’air libre me semble assez bénéfique.

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Jardin de l’Arquebuse – Dijon – Juillet 2019

Passer à l’action ?

Je ne vais pas le cacher, mes premières sorties étaient un peu intimidantes, ayant un peu « honte » de ma démarche et assumant peu le regard que les personnes posaient sur moi.
Finalement ma réserve s’est vite envolée et les jours où je n’ai pas envie d’entendre les quelques commentaires que l’on peut me faire je mets mes écouteurs et tout se passe bien (et en musique !).

Du ramassage de déchets, il est possible d’en faire partout !
En ville : dans les caniveaux, sur les trottoirs, dans les petits carrés de verdure où poussent les arbres, au pied des bancs, dans les parcs publiques, devant les bars et les restaurants… La liste est longue ! Les campagnes ne sont pas à plaindre non plus : parcourant quelques 10km à vélo pour rendre visite à ma grand-mère, vous n’imaginez pas la quantité d’ordures en tout genre qui se cache sur les bords des départementales.

Pour ce qui est du regard des autres, no worries : j’ai en tête que je préfère de loin consacrer 2 heures de mon temps à cette activité qu’à regarder la télé ou mon smartphone, qu’à aller consommer des produits sans importance ou tourner en rond sans savoir quoi faire !
Ces 2 heures sont sans aucun doute bien employées : pour la planète à qui j’ai rendu un petit service et pour moi qui a eu une réelle et concrète utilité.

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5 minutes de marche – Arras – Décembre 2018

Déresponsabilisation ?

Outre le constat souvent répété que « ce n’est pas en ramassant tes mégots que tu vas changer le monde« , l’un des principaux arguments des détracteurs consiste à dire que ramasser les déchets jetés déresponsabiliserait la population et que la société se scinderait en deux parties : d’un côté les gens irresponsables qui prennent la planète pour une poubelle en sachant que quelqu’un passera derrière eux ; de l’autre les vertueux ou naïfs écologistes qui ramassent.

Je pense que c’est une vision assez individualiste de notre société qui correspond plutôt bien à la mentalité française (en opposition à la mentalité des pays du Nord par exemple), qui est en faite une autre façon de se déresponsabiliser : ce n’est pas mon déchet donc ce n’est pas à moi de m’en occuper.

Si cette théorie pourrait concerner une minorité de la population (oui, je suis consciente que des personnes peuvent penser de cette façon), je ne crois pas que la majorité d’entre nous soit aussi insensible à cette pollution.

L’individualisme est le crédo de notre société depuis de nombreuses années et en prenant un peu de recule, on s’aperçoit que ce manque de solidarité ne nous a pas tellement réussi, alors si on changeait ? Si on prenait tous la responsabilité des déchets qui polluent NOTRE Terre ? Qui intoxiquent NOS écosystèmes ?

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Promenade du Lac Léman – Morges – Avril 2019

Action et sensibilisation

En plus de retirer cette pollution des sols et éventuellement des estomacs de la faune local (doit on rappeler qu’un mégot peut polluer jusqu’à 500 L d’eau et que certaines espèces animales les ingèrent en les prenant pour de la nourriture ? Pollution qui intègre la chaine alimentaire jusqu’à… nous-même), la cleanwalk permet de sensibiliser les populations.

Je pense que 70% de la sensibilisation se passe pendant le ramassage : ça marque toujours un peu les personnes de voir quelqu’un chercher et ramasser les mégots un par un pour la bonne cause. On me demande souvent si c’est mon travail et beaucoup sont surpris d’entendre que je fais cela volontairement.
Le point positif c’est que je touche des personnes qui ne fréquentent pas les réseaux sociaux, notamment les personnes âgées.

Il m’arrive souvent d’être interpellée : la plupart du temps pour saluer l’initiative, une personne m’a même dit qu’elle ferait une cleanwalk la prochaine fois qu’elle se promènerait !

La deuxième vague de sensibilisation est produite sur mes réseaux sociaux : lorsque je partage la récolte de mes cleanwalk et que les posts sont relayés, pour atteindre jusqu’à 15 000 personnes ! (d’ailleurs un énorme MERCI pour vos partages et votre implication dans ce combat de tous les jours <3)

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Chemin pédestre – Arras – Août 2018

Alors, vraiment utiles ces cleanwalk ?

Vous l’aurez compris, j’en suis convaincue pour les différentes raisons précitées : activité en cohérence avec mes valeurs, développant le sentiment de responsabilité envers notre jolie planète, sensibilisation des populations (des plus âgés aux plus jeunes qui participent, car ici pas question d’entretenir la gue-guerre des générations) Autant d’arguments qui trouveront toujours leurs opposants.

Finalement l’écologie fait partie des sujets qui, au même titre que l’éducation de vos enfants ou le régime alimentaire que vous adoptez, feront toujours débat : il y aura les extrémistes, les critiques ne font pas mieux mais qui soulignent vos défaillances, ceux qui pensent que leur façon de faire est la meilleure de toute…
Comme on ne pourra jamais mettre tout le monde d’accord j’ai choisi de continuer mon action sans me soucier des avis et remarques extérieures. J’ai même pour projet d’intégrer les mégots que je ramasse à une filière de revalorisation pour aller jusqu’au bout de ma démarche et éviter de simplement les jeter à la poubelle. Pour en savoir plus sur mon projet vous pouvez vous rendre sur cette page.

J’espère que ces quelques mots vous auront convaincus et qu’ils vous encourageront à passer à l’action à votre tour !

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Plages du Lac Léman – Préverenges – Août 2019

2 réponses à « Cleanwalk : vraiment utiles ? »

  1. Merci pour ce super article.
    J’organise des cleanwalks en Savoie, et je confirme beaucoup de tes impressions. 🙂

    Adri, Ambassadeur Cleanwalker Chambéry (groupe facebook)

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